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Proto philosophie

Origine du sens, passage de l'animal à l'homme, naissance du sens des sons, catalogue de sons fonctions, naissance de la syntaxe, naissance de la double articulation, naissance de la métaphysique avec la première pensée, apparition des transferts de charge énergétiques dans le langage, culte de la nature divinisée, création des rites, chamanisme et intercesseurs entre les mondes perceptible et sensible, création des premières équations sémantiques à support phonétique, naissance de la première sofie du temps du nomadisme, première vision du monde , rupture de l'harmonie avec la sédentarisation, et suite de transgressions jusqu'au passage du nous au "je"

mécanique naturelle de la compassion

La compassion est une des vertus cardinales prônée par nombre de religions.

Par conséquence , la recherche de perfection des adeptes les amène à avoir une vision très élevée et quelquefois très intellectuelle de cette vertu.

Or, je constate que la compassion oblige au contraire à une régression intellectuelle pour retrouver un lien avec le monde par la sensation. Car la compassion est le fruit naturel d'un processus initié par l'évolution et qui est lié à la mémoire de la sensation :

 

En ce sens , dès les temps les plus reculés, la vue des signes de souffrances éprouvés par l’”Autre” fait remonter en soi le souvenir d’une sensation douloureuse éprouvée dans le passé , au cours d'une scène ou le groupe était impliqué :

La souffrance des membres du groupe d'appartenance, ainsi que la sienne propre, s’était exprimée par les mêmes signes.

Dès lors, au cours d'une autre expérience , la vue et l'audition des signes observés et entendus chez les autres fait remonter de la mémoire l’émotion associée.

Et cette émotion est un souvenir de la sensation de souffrance qui avait été personnellement mémorisée.

Cette perception de la souffrance de l’autre associée à cette émotion qui est le souvenir d’une sensation de souffrance personnellement éprouvée , nous fait alors normalement adopter un comportement de solidarité pour faire cesser la souffrance de l’autre , parce qu’elle se manifeste neuro physiologiquement en soi comme si elle est la sienne .

De là l’étymologie du mot compassion à partir du verbe latin “cum patiri “ qui veut dire “souffrir avec - l’autre - “

Ce comportement naturel de la compassion est donc le produit d’une pure association entre sa propre souffrance mémorisée dans le passé et celle de l’autre qui est observée dans le présent , et la compassion est un processus naturel qui a pour fonction de trouver les moyens de la faire cesser.

Et même s’il n'est pas étonnant d'être surpris d’observer ce comportement chez les animaux, puisque c'est le produit d'un processus naturel de complexification de la proto pensée, la compassion en tant que valeur morale et sociétale est considérée comme la marque non chiffrée de l'Humanité.

Et c'est un véritable crime contre la nature et l'humanité que d'avoir supprimé les petites sanctions physiques à l'école et à la maison , parce que la sensation éprouvée est le seul guide que la nature offre à notre part constitutive d'animalité pour avoir un comportement adapté dans une environnement socialisé.

Ainsi, il faut remettre les chiffres , et les théories intellectuelles à leur place en retrait , et ne les considérer que comme un outil d'appréciation étriqué d'une partie sous jacente et étique de la réalité, en gros , un squelette qui sous tend la réalité, mais qui voudrait dolosivement la représenter .

Car le squelette de la réalité est habillé par la chair du vivant, le vivant est soumis à sensations , les sensations dictent le comportement , la mémoire des sensations et du bon comportement dictent la bonne voie à suivre et le bon sens , bon sens qui est à la source des règles de morale et des valeurs des sociétés.

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sur face book le 22 mars 2016 : Mathieu Ricard rapporte la pensée de DILGO KHYENTSE RINPOCHE, maître du bouddhisme Vajrayana, lettré, poète, enseignant, un tertön, et le chef de l'école Nyingma du bouddhisme tibétain entre 1987 et 1991 .

"Une souffrance intense peut provoquer une sorte de réveil qui ouvre notre esprit et notre cœur aux autres. Vous pouvez provoquer en vous ce type d'expérience en vous entraînant à échanger mentalement, à l'aide de la méditation, la souffrance des autres contre votre bonheur et à souhaiter que votre souffrance se substitue à celle des autres."

DILGO KHYENTSE RINPOCHE (1910-1991) Version simplifiée d'après "Le cœur de la compassion", p. 121-7.

 

Devant l'incompréhension générale du lectorat de Facebook qui ne comprend pas et refuse que le ressenti individuel de la souffrance soit un préalable nécessaire au bien collectif , j'interviens comme suit :

"Cette pensée de Rinpoche rapportée par Mathieux Ricard s'adresse à ceux qui n'ont pas souffert, et qui recherchent l'état de compassion (cum patiri-souffrir avec) pour mieux vivre avec les autres :

 

à mon idée ... on ne peut être réceptif aux signes de la souffrance de l'autre que parce qu'on a soi même en mémoire le souvenir d'une souffrance éprouvée personnellement, et que l'on réagit émotionnellement en ressentant la souffrance de l'autre, par un effet miroir :

 

les signes de la souffrance observée chez l'autre renvoient aux signes mémorisés dans le passé d'une expérience préalable douloureuse éprouvée personnellement.

 

C'est en cela que l'éthymologie éclaire la valeur de construction du mot compassion.

Je pense fortement que la compassion est le facteur naturel qui a marqué l'évolution et initié le fonctionnement harmonieux et empathique des premières sociétés (voir sociétés amérindiennes). Il a été à la source d'un apprentissage collectif par l'observation de la souffrance ou disparition des proches, sur le mode de l'intelligence de la ruche. La compassion est une émotion qui renvoyait et doit aujourd'hui encore renvoyer à une sensation personnellement éprouvée.

Je vous fais remarquer que la compassion est une des valeurs spirituelles les plus élevées de nombre de religions. Ainsi , nombre de lettrés et de doctes religieux s'essayent à cet exercice à force de connaissances, de raison, et de discipline intérieure. Or, comprendre la compassion oblige à une régression totale, à un désengagement vis à vis de toute croyance ou savoir a priori, pour se remettre dans les conditions de l'homme de la "ruche" , et pour comprendre la mécanique et nature de la compassion. Se pourrait il que les religions aient marqué par une progression vers "l'élévation" ce qui relève de la régression absolue ? régression qui nous remet dans l'état de l'animal qui reçoit la grâce de la communication que lui adresse la pensée ? qu'ils considèreront magique et qu'ils diront plus tard divine ? avant que , peu à peu , on ne s'y habitue ?

Ainsi, dans l'intérêt de la collectivité,

pour revenir à l'utilité de la souffrance individuelle en vue d'éprouver de la compassion mutuelle,

aujourd'hui, le fait de surprotéger les enfants est une mauvaise chose, car ces enfants qui grandissent n'ont aucun référent de souffrance personnellement éprouvée. Dès lors, en situation de pouvoir, ils sont capables de faire éprouver toutes les souffrances possibles aux autres, parce qu'ils y sont étrangers, . Ils sont soumis au monde des chiffres, des systèmes et des idées (maya?) , au lieu d'être reliés au monde par la sensation qui génère la compassion avec les autres, mais aussi avec le règne animal, mais aussi avec la nature. Cet exercice proposé par mathieux ricard s'adresse donc à mon sens à ceux qui regrettent de ne pas se sentir suffisamment compassionnels . Ceux qui sont ou ont déjà été en état de profonde souffrance n'ont pas besoin de cet exercice supplémentaire , parce qu'ils ont déjà acquis les référents utiles pour éprouver la compassion:

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